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Les landes humides à Ericacées

Lande humide à Molinie et Ericacées, en partie colonisée par les Pins- EPL La lande de la rencontre - Janvier 2012 - Cliché : Loïs MOREL.
Lande humide à Molinie et Ericacées, en partie colonisée par les Pins- EPL La lande de la rencontre - Janvier 2012 - Cliché : Loïs MOREL.

Contexte

Sur le site de l'EPL, une parcelle (346) de 1Ha25 présente encore un cortège caractériristique de lande hygrophile à Ericacées. Cependant, suite à un arrêt des opérations de gestion et au dévellopement des ligneux en périphérie, la lande présente actuellement un faciès dégradé à Molinia caerulea.

Cette lande est en cours (2012) de restauration.

Localisation : Ici

Généralités sur les landes

Le terme « lande », d’origine celtique lann, signifie « terre inculte », découverte et libre. Il s’agit d’une formation végétale composée d’arbrisseaux et de petits arbustes (chaméphytes). Les landes investissent les terres les plus pauvres et les plus ingrates pour le paysan. Pour la plupart, leur origine est anthropique et liée aux opérations de défrichement de maigres bois et forêts depuis le Moyen-âge jusqu’au début du 19ème siècle, date de leur extension maximale en Europe. A l’exception des landes littorales qui sont considérées comme des naturelles ou climaciques, les landes sont considérées comme des formations secondaires, composées d’une végétation semi-naturelle mais leur stabilité et leur valeur patrimoniale n’en sont pas moins aussi élevées que celles des landes primaires (Clément in De Beaulieu et al, 2003).

Zonation des végétations de landes et de tourbières de pente en relation avec l’hydrodynamique et le relief (Clément in De Beaulieu et al, 2003).
Les landes humides sont étroitement liées à la présence d’une nappe phréatique plus ou moins affleurante.
On remarque sur cette schématisation, les liens étroits qui existent entre ces différents habitats. Les landes humides plus spécifiquement, sont souvent en contact avec des formations tourbeuses.

Caractères généraux des landes humides : conditions stationnelles, physionomie et typologie de l’habitat

Les landes humides se développent sur des substrats oligotrophes acides constamment humides ou connaissant des phases d’assèchement temporaire. Des sphaignes peuvent être présentes sous la forme de coussinets dans les landes les plus humides mais leur présence n’est pas systématique. Lorsque l’engorgement est permanent, une faible activité turfigène des Sphaignes peut exister, caractérisant alors les landes tourbeuses (Cahier d’habitat Natura 2000).
Le sol se caractérise par une hydromorphie peu profonde à moyenne (sols à pseudogley et/ou à gley). Ces sols se développement principalement sur des roches métamorphique dures où l’infiltration de l’eau est difficile.
Ces landes hygrophiles, dominées par des chaméphytes (Bruyères, Callune) et des nanophanérophytes (Ajoncs), se caractérisent par la présence simultanée de la Bruyère à quatre angles, définissant leur caractère humide, et de la Bruyère ciliée définissant leur caractère océanique tempéré. La Molinie, toujours présente et parfois abondante, peut imprimer à ce milieu une physionomie herbeuse.

En France on distingue principalement 3 types de ces landes humides (Code CORINE Biotope): 31.11- Landes humides septentrionales  - 31.12 – Landes humides à Erica ciliaris et Erica tetralix - 31.13 – Landes humides à Molinia caerulea

Les landes de l’EPL : des landes humides aux faciès dégradés par l’envahissement des ligneux et de la Molinie bleue

Caractéristiques stationnelles :

(N° parcelle : 346 - Surface : 1 ha 25)

Sous-sol : Schistes et grès imperméables

Sol : pseudogley

Les 10 premiers centimètres sont très organiques, de couleur brune prononcée, très fibreux (dépôt holorganique). S’ensuivent 10 centimètres plus minérales, en mélange avec des résidus de molinie peu décomposés. C’est un horizon très sombre. Les 20 à 30 centimètres suivant sont composés de « glaise » grise très légèrement bleutée et très claire, indiquant un lessivage et une hydromorphie importante. Enfin, le dernier horizon identifié correspond à un substrat toujours de type « glaise » mais présentant des tâches rouilles témoignant de la variation périodique du niveau de la nappe.

 

Humidité : quasi-permanente

Acidité marquée

En dépit d’une certaine homogénéité physionomique liée à l’abondance de la Molinie bleue et à l’histoire de la parcelle (ancienne exploitation forestière), au moins 3 faciès distincts peuvent être identifiés en fonction de la composition floristique, des conditions stationnelles et de la dynamique de végétation :

1 – Molinaie stricte colonisée par les ligneux localisée sur la partie la moins humide (Nord-est) : strate herbacée très largement dominée par Molinia caerulea avec parfois Rubus fructicosus ; peuplement ligneux principalement composé par Pinus pinaster et Pinus sylvestris  > Code CORINE 31.13
2 – Fragment de lande à Ericacées : une petite partie de la lande présente encore un cortège caractéristique des landes humides à Ericacées. La molinie est ici en mélange avec Erica ciliaris et Erica tetralix et dans une moindre mesure Calluna vulgaris. Ce fragment d’habitat prioritaire (au titre de la directive Habitat Faune Flore) est probablement lié à l’existence d’une petite dépression qui permet un engorgement du sol plus important et conserve ainsi le caractère très humide de cette station (ainsi que le confirme la présence de sphaignes). La présence – même anecdotique - de Scirpus caespitosus souligne le caractère très oligotrophe de la station (Cahier d’Habitat N2000) > Code CORINE 31.12
3 – Les sous-bois : Les végétations forestières situées à proximité constituent une banque de graine potentiellement néfaste pour la conservation des cortèges d’Ericacées indicateurs du bon état de conservation de la lande adjacente.

Caractérisation des intérêts et enjeux actuels :

Intérêt patrimonial : Milieu relique, en régression, résultat de conditions particulières et d’une histoire humaine. Espèces végétales et associations peu courantes sur le département, habitats PRIORITAIRE d’intérêt européen (Natura 2000). Enjeux de conservation très forts sur le nord-est du département du fait de la rareté de ces milieux dans les autres secteurs (dû notamment à la nature du sous-sol, riche en schiste et grès, roches dures propices à la formation de dépressions tourbeuses).
Potentialités : Ces landes pourraient accueillir d’autres espèces à forte valeur patrimoniale telles les rossolis et la Gentiane pneumonanthe (présente en 93-94 sur le chemin voisin).
Intérêt pour la faune : Peu abondante du fait de la pauvreté organique du milieu, elle est par contre intéressante compte tenu de la particularité du milieu : Nidification du Pouillot fitis, du Pipit des arbres. Présence du Lézard vivipare, de la Vipère péliade, de la Salamandre tachetée. Refuge important probable pour les populations de Tritons (palmés notamment) qui se reproduisent dans la mare adjacente.
Intérêt également important pour les populations d’arthropodes (araignées, orthoptères et lépidoptères notamment)
Intérêt paysager : Couleurs, boisements, tourradons…
Intérêt pédagogique : Etude de milieu, Suivi d’entretien (parcelles témoin) Relevés carto, flore et faune.
Menaces / Risques : Disparition progressive des cortèges d’Ericacées et des communautés associées.

Dynamique de végétation et propositions de gestion

La lande est ici un milieu secondaire, lié à la déforestation de terrains naturellement peu productif, et contribuant à l’acidifier (difficile décomposition des aiguilles d’Ericacées). C’est aussi un milieu relictuel d’une utilisation agricole passée commune sur toute l’exploitation (fourrage, litière, pâturage) démontré par les talus, les sillons. L’abandon de ces pratiques (moitié du 20ème siècle) a permis le boisement progressif sauf dans les parties les plus humides et les plus asphyxiantes.

Des opérations de gestion (pâturage + gyrobroyage) ont été tentées il y a quelques années, sans résultats probants (notamment dans la régulation du développement de la Molinie).

Le principal enjeux étant de permettre le maintien des faciès à Ericacées, il est indispensable de :

1 – Conserver le caractère oligotrophe du milieu
2 – Limiter le développement des ligneux et de la molinie

Pour ce faire :

1 – Restaurer les secteurs périphériques et retirant progressivement les pins et les autres ligneux
2 – Garantir le maintien des Ericacées en limitant le développement de la molinie par fauche avec exportation (rotation tous les 3 ans)
3 – Des placettes test d’étrépage peuvent être envisagées pour retrouver les cortèges pionniers (rossolis) ou les espèces d’affinités plus oligotrophe.

Données existantes

Tableau phytosociologique - Octobre 2011 - BTS GPN 2010-2012
Tableau phytosociologique synthétique de
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Synthèse des données : Loïs MOREL, Jean-Luc TOULLEC et BTS GPN 2010 - 2012

Pour en savoir plus :

- CLEMENT, B. in De BEAULIEU et al., 2003. La Bretagne : la géologie, les milieux, la faune, les hommes. Delachaux et Niestlé.
- Cahier d’Habitat Natura 2000 – Habitat agropastoraux – Tome 3. La documentation française.

 

Généralités & fiches diagnostic/gestion sur les landes humides : Ici